Election présidentielle de 2024 : Les «experts» qui veulent changer le Sénégal

Sur la longue liste de plus de deux cents potentiels candidats à l’élection du 25 février 2024, il y a différents profils. Dans ce numéro de « Casting présidentiel », Seneweb s’est intéressé au parcours de Boubacar Camara, Cheikh Hadjibou Soumaré, Mamadou Lamine Diallo, Serigne Guèye Diop et Arona Coumba Ndoffene Diouf, des « experts » qui veulent faire bouger les lignes.

Ils veulent tous succéder à Macky Sall, qui ne participera pas à l’élection présidentielle de février prochain. Mais ils ont la particularité d’avoir un parcours professionnel exceptionnel d’où la casquette d’experts dans leurs domaines d’activités respectifs.

Mamadou Lamine Diallo, un technicien au service de l’Etat

Fondateur du Mouvement Tekki, Mamadou Lamine Diallo (64 ans) fait partie de de ce lot. Ingénieur de l’École polytechnique de Paris et de l’École des Mines de la même ville, il est titulaire d’un doctorat en Économie de l’École des Mines de Paris en 1988. Après quelques années d’expérience en France, il rejoint la Banque mondiale à Washington en 1990 avant de rentrer au Sénégal, en 1993, pour travailler à la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao). Détaché à la Primature de 1994 à 2001 comme conseiller technique, il sert l’Etat du Sénégal jusqu’en 2001, avant de retrouver la Direction de la recherche et de la statistique de ladite banque centrale. De 2003 à 2006, il est à nouveau détaché auprès de la Commission de l’Union africaine (UA) en tant que Directeur de cabinet adjoint, puis Directeur de cabinet d’Alpha Oumar Konaré, Président de la commission de l’institution.

Mamadou Lamine Diallo connaît bien l’Administration pour avoir travaillé comme conseiller technique dans les infrastructures, dans les mines, l’énergie aux côtés des anciens Premiers ministres Habib Thiam, Mamadou Lamine Loum, Moustapha Niasse et Mame Madior Boye.

Il s’est présenté comme candidat indépendant à l’élection présidentielle de février 2007 au Sénégal pour obtenir 0,48 %. Mamadou Lamine Diallo est membre de la Conférence des leaders de la coalition ‘’Bennoo Siggil Senegaal’’, victorieuse lors des élections locales de 2009. Député depuis la 12e Législature, il a également pris une part active aux travaux des Assises nationales du Sénégal.

Candidat à l’élection présidentielle, ce député de « Wallu Sénégal » promet, une fois porté à la tête du pays, d’entreprendre une série de réformes constitutionnelles afin d’arriver à faire, entre autres, du président de la République un justiciable.

 

Cheikh Hadjibou Soumaré, la dernière carte d’un vétéran

 

Il est certes moins politique que Mamadou Lamine Diallo, mais le leader du parti « Démocratie et République » peut, tout de même, être classé dans cette catégorie. Cheikh Hadjibou Soumaré, (72 ans)  est titulaire d’une maîtrise en sciences économiques, en 1979, et du diplôme de l’École nationale d’administration et de magistrature (Enam, actuelle ENA)/ Il a commencé sa carrière dans la région de Kaolack, en tant que percepteur-receveur municipal.

En 2001, il est nommé par Abdoulaye Wade, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget et de l’Habitat depuis 2001. Le 19 juin 2007, il est promu Premier ministre du Sénégal, après la démission de Macky Sall qui occupait ce poste depuis 2004. Sa nomination, survenue peu après les élections législatives du 3 juin 2007 qui ont conduit, en marge du mot d’ordre de boycott de l’opposition, à une victoire écrasante de la mouvance présidentielle, avait d’ailleurs constitué une surprise. En effet, son nom ne faisait pas partie des plus fréquemment avancés pour ce poste. Non membre du Parti démocratique sénégalais (Pds), Soumaré était quand même présenté par les médias avant tout comme un technocrate discret, sans ambition présidentielle.

Réputé discret et loyal au président Wade, Soumaré a tout de même démissionné de ce poste, le 30 avril 2009, pour « convenances personnelles » avant d’être remplacé par Souleymane Ndéné Ndiaye, dernier chef de gouvernement du régime libéral.

Toutefois, cette démission ne sera pas la dernière pour ce Chevalier de la Légion d’honneur de la République française. En effet, après une campagne rondement menée par Dakar pour sa candidature à la présidence de la Commission de l’Uemoa, M. Soumaré a finalement jeté l’éponge, en septembre 2016, affirmant n’être plus dans les dispositions de pouvoir continuer ce travail.

Depuis sa candidature annoncée en grande pompe pour l’élection présidentielle de 2019, puis rejetée par le Conseil constitutionnel, le technocrate a décidé d’abattre l’une de ses dernières cartes en février prochain. Son contrôle judiciaire suite à l’affaire relative au supposé don financier que Macky Sall aurait fait à Marine Le Pen levé, Soumaré s’est autoproclamé le « candidat de l’espérance ».  

 

Boubacar Camara, le « révolté » qui veut « construire » le pays 

« Jengu » ! Boubacar Camara dit Kamah s’identifie clairement au nom de son mouvement qui signifie « révolter, en langue Wolof», lui qui a fait l’Armée, la Douane, l’Inspection générale d’Etat (IGE). Au bout de ses 65 ans, il fait partie du cercle restreint des experts en lice pour la présidentielle de 2024. Sorti de l’École nationale de formation maritime de Dakar avant de rejoindre l’École nationale des Douanes, il est aussi diplômé de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il est sorti avec une Maîtrise et un DEA en droit public. Mais, M. Camara fut également soldat de 2e classe dans l’armée sénégalaise. Après un brevet à l’École nationale d’administration (ENA), il est agréé en qualité d’expert maritime cargaison.

En mai 2005, il est diplômé de l’Université Pierre Mendès France de Grenoble et y soutient sa thèse de doctorat en droit sur « Le Contentieux douanier au Sénégal ». « Kamah » est aussi diplômé de l’École de Formation du Barreau à Paris où il obtient le certificat d’aptitude à la profession d’avocat en octobre 2008.

En mai 2018, il s’est jeté dans la mare politique avec ce slogan qui, selon lui, explique une remise en cause des politiques publiques mises en place depuis 1960. L’ancien Directeur général de la Douane veut bousculer l’ordre établi dans un paysage politique loin d’être un fleuve tranquille. «Deux Sénégal se côtoient, celui qui souffre et celui qui se réjouit, celui qui n’arrive pas à assurer la dépense quotidienne et celui qui exhibe son arrogance, celui qui travaille et celui qui triche», décline-t-il dans sa profession de foi. Et entre ces 2 voies, il a choisi celles des valeurs. Le nom de son mouvement résume la vie de Boubacar Camara qui a trimé, flirté avec les angles morts de la vie pour arracher sa part du destin. Un homme qui a su repousser les clichés, les préjugés pour se hisser au sommet tant convoité. «J’ai passé mon enfance à Grand Yoff, une localité où régnaient les caïds de la drogue et où l’alcool circulait à flot», raconte-t-il. Aujourd’hui, il veut, lui aussi, changer le Sénégal.

 

Serigne Guèye Diop, l’agronomie dans l’âme

Ministre conseiller auprès du président de la République en charge des questions liées à l’agriculture et à l’industrie, Dr Serigne Guèye Diop est plus connu dans le domaine de l’agronomie. Fervent défenseur d’une intégration économique africaine, le maire de Sandiara est l’instigateur de l’une des trois Zones économiques spéciales (ZES) du pays.

S’il est classé par Seneweb parmi les experts, prétendants au fauteuil présidentiel, c’est particulièrement du fait de son parcours exceptionnel. En effet, après avoir commencé ses études supérieures au Sénégal, il s’envole pour la France, où il se spécialise en agronomie à l’Ecole nationale supérieure des industries agricoles et alimentaires (Ensia) et à l’Institut national d’études supérieures agronomiques de Montpellier (Supagro), et obtient à un doctorat en biochimie et en sciences alimentaires.

Serigne Guèye Diop a ensuite posé ses valises aux États-Unis, plus précisément à Boston, le temps de se former en gestion et en management au Massachusetts Institute of Technology (MIT). Et c’est après des années de recherches scientifiques dans le domaine de l’agroalimentaire, notamment en Équateur, en Côte d’Ivoire ou encore au Ghana, que le docteur en agronomie devient le premier Africain à être nommé directeur général du Centre de recherche du groupe Nestlé, depuis la création du géant suisse il y a 150 ans.

Durant ses années à la tête du pôle recherche de la branche Afrique de la multinationale, celui que ses collègues surnommaient le “lion de Djéguéme” a développé plusieurs brevets, notamment dans la transformation de céréales et de légumineuses tropicales.

Tout au long de sa carrière, M. Diop a eu à cœur de chercher à valoriser des talents locaux. « Je faisais en sorte de recruter des Africains. Non pas par favoritisme, il s’agissait davantage d’une solidarité bienvenue et d’un choix professionnel raisonné car, au fond, qui connaît mieux l’Afrique que les Africains eux-mêmes ? », expliquait-il à Jeune Afrique.

Candidat déclaré à l’élection présidentielle de février 2024, l’ingénieur sénégalais affirme avoir la solution aux différents problèmes du Sénégal en mettant en œuvre, une fois élu, son programme SEME (Sénégal en mouvement vers l’excellence). « J’ai décidé d’être candidat à la présidentielle de 2024 car j’ai la solution aux problèmes du Sénégal », a-t-il promis.

 

Arona Coumba Ndoffène Diouf, camarade de promo du président

 

Tout comme Serigne Guèye Diop, Arona Coumba Ndoffène Diouf a été ministre conseiller spécial du Président Macky Sall. Mais contrairement au premier, le dernier nommé était plutôt chargé des Énergies renouvelables, des Mines et de l’Environnement. Des secteurs qu’il connaît très bien parce qu’étant, depuis 2005, le directeur des programmes des Sciences de la Terre et de l’Environnement au département des Ressources naturelles de l’Université d’Etat « Agriculture and Technical State University, Greensboro, Caroline du Nord (A&TSU) » des Etats-Unis.

Mais, le président du parti Alternative citoyenne And defar sunu reew (Acad) a été lui aussi obligé de rompre, en 2022, plusieurs années de compagnonnage avec Macky Sall qui fut son «ami d’enfance et (son) camarade de promotion à l’Institut des sciences de la terre (Ist) à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar», l’accusant de vouloir tenter un troisième mandat. Il a, d’ailleurs, qualifié le retrait de la candidature de Macky Sall de “volte-face”, soulignant que des indices pointaient vers son désir de rester au pouvoir. 

«Quand on vous invite à manger, le bol doit être propre. Il faudra d’abord que le Président Macky Sall dise qu’il ne briguera pas un 3ème mandat. C’est une question de morale. Cela n’a rien à voir avec la Justice, avec la Constitution.», a-t-il répliqué au dialogue national lancé fin mai par le chef de l’Etat. « Il y a des signes qui montrent que tel n’était pas son souhait. D’abord il a laissé un courant de ministres, directeurs généraux, maires, députés faire des plateaux dans les médias, organiser des meetings pour soutenir sa candidature. Et jamais il n’a cherché à les arrêter. Donc, c’était avec sa volonté qu’ils le faisaient d’autant plus que tous ceux qui étaient contre ont été virés de leurs postes », at-il notamment déclaré à propos de ce sujet.

Son Programme alternative de développement endogène (Paden) bien ficelé, il annoncé sa candidature à l’élection présidentielle de février 2024

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